Mycoses : solutions naturelles
Courantes et généralement bénignes, les mycoses sont des infections provoquées par des champignons microscopiques. On parle d'infection fongique. Une mycose peut survenir à tout âge et sur diverses régions du corps. Elle entraîne des symptômes gênants et peut avoir un caractère récidivant. Un traitement médicamenteux est indispensable pour soigner une mycose. En parallèle, il est possible de se tourner vers des solutions naturelles telles que la phytothérapie, l'aromathérapie ou encore les probiotiques. Nos pharmaciens font le point sur ces différentes méthodes et vous expliquent leur action sur les mycoses.
Généralités sur les mycoses
Plusieurs champignons peuvent provoquer l'apparition d'une mycose. Les dermatophytes, et plus précisément les genres Trichophyton, Microsporum et Epidermophyton, sont responsables des mycoses de la peau (pied d'athlète par exemple) et de la mycose des ongles (onychomycose). Ils se nourrissent de la kératine qui compose la couche cornée, les ongles, les poils et les cheveux. Les dermatophytes sont présents dans les lieux de sport, en particulier les piscines, mais aussi dans les douches collectives, les vestiaires et les salles de bain.
Naturellement présent dans le tube digestif et les muqueuses vaginales, le Candida albicans est à l'origine de ce que l'on appelle les candidoses. Divers facteurs peuvent le faire proliférer, induisant un déséquilibre du microbiote (dysbiose) et un risque accru de candidose. Celle-ci peut se développer dans l'intestin (mycose digestive), la bouche, le vagin, mais aussi dans les plis de la peau (intertrigo) et au niveau du mamelon féminin au cours de l'allaitement (candidose mammaire).
Enfin, la levure Malassezia furfur, que l'on retrouve dans le microbiote cutané, est responsable du pityriasis versicolor, une mycose de la peau. Elle prolifère essentiellement à cause de la chaleur, de la transpiration et de l'application de corps gras sur la peau.
Le traitement d'une mycose repose sur des médicaments antifongiques. En fonction de la localisation de la mycose, l'administration se fait par voie orale, cutanée ou vaginale. Les solutions naturelles que nous vous présentons ici interviennent en complément et n'ont pas vocation à remplacer les médicaments antifongiques, qui demeurent le traitement de référence en cas de mycose. Elles doivent faire l'objet d'un avis médical, surtout si vous vous trouvez dans l'une des situations suivantes :
- maladie chronique ;
- traitement médicamenteux en cours ;
- grossesse ;
- allaitement ;
- mycose chez l'enfant ou le bébé.
Plusieurs solutions naturelles contre les mycoses s'offrent à vous. Nous aborderons la phytothérapie, l'aromathérapie, les probiotiques, la glutamine et l'extrait de pépins de pamplemousse (EPP).
Quelles plantes choisir en cas de mycose ?
Nourrie par de nombreuses civilisations depuis des millénaires, la phytothérapie est une méthode qui consiste à utiliser les principes actifs présents dans les plantes (racine, sommité fleurie, tige, feuille, fruit) dans un but préventif ou curatif. 3 plantes sont traditionnellement employées face à une mycose : le lapacho, la réglisse et l'échinacée. Elles peuvent être consommées sous forme de complément alimentaire, de teinture mère, en décoction ou en infusion.
Lapacho et mycose à Candida
Le lapacho (Tabebuia avellanedæ) est un arbre originaire d'Amérique du Sud. Les Incas l'appelaient Tajibo, ce qui signifie « celui qui tue les maux ». Il s'agit du seul arbre à présenter une immunité contre les infections fongiques. Grâce à ses racines, il possède une grande teneur en minéraux et oligoéléments. En phytothérapie, c'est l'écorce de lapacho qui est utilisée pour contribuer aux défenses de l'organisme contre les agents extérieurs. En effet, l'écorce interne est riche en calcium, fer, magnésium, phosphore, zinc, chrome, silicium, argent... Elle renferme également de la xyloïdine, un principe actif isolé par le docteur Meyer du National Cancer Institute (États-Unis). Cette molécule a montré une efficacité sur les infections fongiques à Candida, ainsi que sur les dermatophytes de genre Trichophyton. Le lapacho est généralement présenté en mélange pour décoction et en gélules.
CONTRE-INDICATIONS : prise d'un traitement anticoagulant.
Intérêt de la réglisse en cas de mycose
La réglisse (Glycyrrhiza glabra) est une plante vivace présente dans le sud de l'Europe et en Asie. Elle est surtout connue pour sa forme en bâton. Dans le domaine de la phytothérapie, les racines sont utilisées pour la digestion. La réglisse aide notamment à maintenir l'intégrité de la muqueuse intestinale, ce qui peut être utile en cas de mycose digestive. Une étude menée par Céline Messier et Daniel Grenier, chercheurs à l'université de Laval (Québec), a également révélé l'action de la réglisse sur le Candida albicans par le biais de la glabridine et de la licochalcone A. Ces 2 molécules synthétisées dans la racine de réglisse ont la faculté d'inhiber la croissance du Candida albicans, ce qui pourrait favoriser l'élimination des candidoses, en complément du traitement médicamenteux. Sur notre pharmacie en ligne, nous vous proposons le complément alimentaire Pileje Phytostandard Réglisse.
CONTRE-INDICATIONS : hypertension artérielle, insuffisance rénale, carence en potassium, hépatite, cirrhose du foie.
Le cas de l'échinacée
Venant d'Amérique du Nord, l'échinacée regroupe 9 espèces, dont 3 sont utilisées en phytothérapie : Echinacea angustifolia, Echinacea purpurea et Echinacea pallida. L'échinacée est connue pour participer à la santé du système immunitaire. Lorsque la mycose est due à un affaiblissement de l'immunité, la prise d'échinacée en complément alimentaire peut donc être envisagée après avoir demandé un avis médical. Par ailleurs, l'espèce Echinacea pallida est traditionnellement utilisée pour la santé de la peau. Son action cicatrisante peut être appréciée après une mycose de la peau, pour reconstituer la barrière cutanée fragilisée.
CONTRE-INDICATIONS : maladie auto-immune, maladie évolutive, prise d'un traitement de longue durée.
Aromathérapie et mycose : les huiles essentielles recommandées
L'aromathérapie consiste à utiliser les composés aromatiques des plantes, majoritairement sous forme d'huiles essentielles, pour prévenir et soulager certains troubles, favoriser le bien-être et l'apaisement. En cas de mycose, plusieurs huiles essentielles peuvent être indiquées. Toutefois, s'agissant de produits très concentrés, il existe des contre-indications. Les personnes asthmatiques et épileptiques doivent éviter d'avoir recours aux huiles essentielles. En cas de doute, nous vous invitons à demander conseil à votre pharmacien ou à un professionnel formé en aromathérapie.
Tea tree
L'huile essentielle de tea tree (arbre à thé), tout d'abord, se caractérise par sa richesse en carbures et alcools monoterpéniques. Ces molécules lui confèrent de nombreuses propriétés, notamment antifongiques. En cas de mycose de la peau, appliquez 1 goutte d'huile essentielle de tea tree sur la zone concernée, 2 à 3 fois par jour, jusqu'à amélioration. Si la zone est étendue, diluez l'huile essentielle dans une huile végétale.
CONTRE-INDICATIONS : 1er trimestre de grossesse, enfants de moins de 3 ans.
Lavande vraie et thym à thymol
L'huile essentielle de lavande vraie est dotée d'une action antifongique et fongistatique qui lui vient de sa teneur en linalol. Elle aide à éliminer les champignons à l'origine de la mycose et à empêcher leur développement. L'huile essentielle de thym à thymol, quant à elle, est fongicide. En cas de mycose de la peau, elles peuvent être utilisées en synergie avec l'huile essentielle de tea tree. Dans un flacon, mélangez :
- 10 gouttes d'huile essentielle de tea tree,
- 7 gouttes d'huile essentielle de lavande vraie,
- 3 gouttes d'huile essentielle de thym à thymol,
- 30 ml d'huile neutre ou d'huile végétale de neem.
Massez la région touchée par la mycose 2 à 3 fois par jour, pendant au moins 2 semaines. En l'absence d'amélioration, consultez votre médecin.
CONTRE-INDICATIONS : grossesse, allaitement, enfants de moins de 6 ans.
Cannelle de Chine
Essentiellement recommandée pour la mycose buccale, l'huile essentielle de cannelle de Chine est réputée pour son activité anti-infectieuse, garantie par le cinnamaldéhyde, sa molécule principale. L'huile essentielle de cannelle de Ceylan (écorce), à la composition biochimique et aux propriétés équivalentes, peut également être utilisée. La prise se fait par voie orale : 1 goutte sur un comprimé neutre ou dans une cuillère à café d'huile d'olive, 3 fois par jour pendant 20 jours, à renouveler si nécessaire.
CONTRE-INDICATIONS : grossesse, allaitement, enfant de moins de 6 ans, pathologie hépatique.
Palmarosa et litsée citronnée
L'huile essentielle de palmarosa contient du géraniol, un composant qui assure son action antifongique. Elle aiderait à renforcer l'activité des médicaments pour traiter les mycoses de la peau. Matin et soir, appliquez 1 à 2 gouttes sur la partie du corps atteinte. CONTRE-INDICATIONS : grossesse, allaitement, enfants de moins de 6 ans.
L'huile essentielle de litsée citronnée, également connue sous le nom de verveine exotique, a des propriétés antifongiques qui lui viennent de sa teneur en citral. Elle est surtout utilisée pour la mycose des ongles. Comme l'huile essentielle de tea tree, elle peut être appliquée pure : 1 goutte, 2 à 3 fois par jour.
CONTRE-INDICATIONS : grossesse, allaitement, enfants de moins de 6 ans.
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Les huiles essentielles sont très fréquemment employées en association avec les huiles végétales, dans lesquelles elles peuvent être diluées. L'huile de coco est souvent conseillée pour ses propriétés antibactériennes et antivirales liées à sa teneur en acide laurique, mais elle contient également de l'acide caprylique qui la rend intéressante en cas de mycose, et plus précisément de candidose. En effet, cet acide entraîne la destruction des parois cellulaires du Candida albicans, empêchant sa prolifération. Cette huile végétale est polyvalente et peut être utile dans de nombreux domaines (hygiène, beauté, santé). Elle présente aussi l'avantage d'être adaptée à toute la famille. Dans l'idéal, choisissez une huile de coco bio, vierge et de première pression à froid.
Probiotiques, glutamine et EPP pour les mycoses
Tout comme les solutions naturelles présentées précédemment, les compléments alimentaires contenant des probiotiques, de la glutamine ou de l'extrait de pépins de pamplemousse (EPP) nécessitent un avis médical préalable. En effet, la prudence est de mise afin d'éviter les mésusages et limiter les interactions avec les médicaments antifongiques.
Pourquoi prendre des probiotiques ?
Les probiotiques sont des micro-organismes vivants, naturellement présents dans la flore intestinale. Aussi appelée microbiote, cette flore tapisse la muqueuse intestinale et a pour rôle d'empêcher le passage d'éléments étrangers potentiellement néfastes. Elle est constituée de bactéries endogènes (dites « bonnes » bactéries) qui participent aux défenses de l'organisme en s'opposant aux bactéries pathogènes (dites « mauvaises » bactéries). Le vagin dispose également d'un microbiote, la flore vaginale, qui assure des fonctions similaires.
Les bonnes bactéries présentes dans notre intestin et, chez la femme, dans le vagin, constituent une part importante du système immunitaire. Toutefois, elles peuvent être fragilisées et affaiblies par divers facteurs, comme une maladie ou un traitement médicamenteux par exemple. Le risque est de voir s'installer une dysbiose, c'est-à-dire un déséquilibre entre les bactéries endogènes et les bactéries pathogènes. La dysbiose est un état qui rend l'organisme plus vulnérable, notamment face aux champignons responsables des mycoses, en particulier le Candida.
Face à une mycose intestinale ou vaginale, il peut dont être intéressant de se supplémenter en probiotiques afin de favoriser la reconstitution de la flore et rétablir son équilibre. Les souches les plus couramment utilisées sont les lactobacilles. En cas de candidose intestinale, il faudra privilégier les probiotiques par voie orale, sous forme de gélules ou de sticks. Pour une mycose vaginale, optez plutôt pour les tampons imprégnés de probiotiques ou les ovules à insérer directement dans le vagin.
Rôle de la glutamine
La glutamine, ou L-glutamine, est l'acide aminé le plus présent dans le sang et les muscles. Il est impliqué dans la synthèse des protéines et empêche leur dégradation. En 1993, une étude menée par le professeur Dominique Darmaun a mis en évidence le rôle clé de la glutamine dans le maintien de l'imperméabilité intestinale. En effet, les cellules qui composent la muqueuse intestinale se nourrissent de glutamine afin de se développer. En cas de carence en glutamine, la barrière intestinale devient poreuse et l'intestin n'est plus capable de filtrer les agents pathogènes et les substances toxiques. Si vous êtes susceptible de présenter une perméabilité intestinale, il peut être intéressant de prendre un complément alimentaire de glutamine. Cela pourra favoriser la protection contre les champignons à l'origine des mycoses. Demandez toujours conseil à votre médecin ou votre pharmacien avant de commencer une cure.
L'extrait de pépins de pamplemousse
Issu du Citrus x paradisi, l'extrait de pépins de pamplemousse (EPP) est réputé pour sa haute concentration en bioflavonoïdes. Le procédé de fabrication se déroule en 4 étapes :
- les pépins, la pulpe et le mésocarpe du pamplemousse sont mélangés à de l'eau et broyés ;
- la pâte obtenue est séchée, réduite en poudre et filtrée pour éliminer la pectine et les fibres ;
- le mélange est de nouveau séché, puis dilué dans de la glycérine végétale ;
- la substance est filtrée puis mise en flacon.
Plusieurs études ont montré que l'EPP est actif sur de nombreuses souches de bactéries, levures et champignons, dont le Candida albicans. Selon le type de mycose, il est possible d'utiliser l'EPP par voie orale, en suivant scrupuleusement les précautions d'emploi, ou par voie cutanée, en le diluant par exemple dans un gel nettoyant ou une crème (1 goutte d'EPP pour 1 ml de produit). Dans certains compléments alimentaires, l'EPP est associé à des huiles essentielles, assurez-vous de ne pas présenter de contre-indications et demandez un avis médical au moindre doute.
En résumé
Complémentaires des traitements antifongiques, les solutions naturelles contre les mycoses reposent sur la phytothérapie, l'aromathérapie et les compléments alimentaires contenant des probiotiques, de la glutamine ou de l'EPP. En raison de certaines contre-indications, nous vous recommandons de demander l'avis de votre médecin ou de votre pharmacien avant de vous tourner vers ces méthodes naturelles. De plus, si vous ne constatez pas d'amélioration ou si vous êtes confronté à une mycose récidivante, une consultation médicale est essentielle pour adapter le traitement. Dans certains cas, il faudra faire des examens complémentaires pour trouver la cause exacte de la mycose.
AVERTISSEMENT : Ces propriétés, indications et modes d'utilisation vous sont proposés par l'équipe de la Pharmacie des Drakkars. Ils sont souvent tirés de notre expertise ainsi que d'ouvrages et sites Internet de référence et sont en majeure partie confirmés par des observations en milieu scientifique. Toutefois, ces informations sont données à titre informatif et ne sauraient en aucun cas constituer une information médicale, ni engager notre responsabilité. Au moindre doute ou pour tout usage des huiles essentielles, des hydrolats et des plantes, consultez un médecin.